Alors on est parti. On en parlait depuis plusieurs semaines, de ce séminaire qui devait nous emmener vagabonder au bord d’un lac. « On part en colo ! » fredonnaient les plus joyeux. Les autres, levant un sourcil inquiet, faisaient la queue devant le bureau du chef pour savoir s’ils étaient vraiment obligé de dormir sur place. Dans les couloirs, on entendait parler de « team building » et de « transversalité ». Les timorés redoutaient le théâtre ou le karaoké. Nos gorges se nouaient à la perspective d’une chorale d’entreprise. Les geeks appréhendaient de s’éloigner si longtemps de leur ordinateur et les apprentis amoureux de leur belle. L’option « paint ball » et saut en parachute faisait trembler les moins sportifs, prêts à dégainer leur mot du médecin. Quant aux plus optimistes, ils se consolaient en s’imaginant traverser le lac à pédalo.
Ceux qui savaient se taisaient. Ils souriaient, et ça ne rassurait personne.
Le pire aurait pu nous arriver. (Flick'r/Weelakeo)
De toutes façons, tout le monde était d’accord sur un point: on se battrait contre le lip dub jusqu’au licenciement s’il le fallait. Note aux ignorants: un lip dub, c’est une chorégraphie où les gens font semblant de chanter. Les jeunes UMP nous en avait parfaitement démontré le ridicule en décembre 2009.
Les mails se sont multipliés à l’approche de la Date. Les intitulés sympathiques « Organisation du séminaire » se sont mués en rappels de plus en plus autoritaires : « Coline, merci de venir chercher votre assurance au plus vite », « A tous: le car partira à 12h sonnantes! », puis
« LE CAR EST EN BAS !! »
Le but, c’était de permettre à tous les gens qui travaillent sur le même site de se rencontrer. C’est réussi, on se dit bonjour dans les couloirs en ricanant au souvenir de tant de transversalité.
Et si vous voulez voir à quoi ressemblait notre animateur en chef, vous pouvez aller faire un tour sur le blog de l’amie Marie.
